four-a-chauxNaissance d'un hameau autour d'un carrefour

A la fin du XIXème siècle, vers 1880, émerge un nouveau quartier, Le Four à Chaux. Qualifié comme un lieu-dit « formé d'un groupement d'habitations ouvrières à cause des carrières et autres industries », il représente alors la zone d'habitation située le long de la route de Grasse, puis à l'emplacement de ce qui sera la place Foch. Plusieurs noms rappellent encore aujourd'hui la présence des carrières : le boulevard du Perrier, rue des Roches... Seuls une buvette et un octroi y étaient installés dont la gestion fut confiée à la ville de Cannes pour recueillir les taxes de transferts de certaines marchandises d'une ville à l'autre.

 

Un fort essor

Le hameau connaît très vite un accroissement de sa population, due en partie au travail fourni par l'exploitation de ses carrières et fours à chaux. Il accueille aussi, dès la fin du XIXème siècle de nombreux italiens, journaliers ou ouvriers. En effet, sur les terres azuréennes, les chantiers se succédent réclamant une main-d'œuvre importante comme pour la construction du Boulevard Carnot. Ils deviennent ainsi vite majoritaires au sein de la population, montrant une intégration exemplaire. Au début du XXème siècle, avec le développement des habitations et l'installation d'un bureau téléphonique, naît une vraie communauté. Une situation qui n'échappe ni aux édiles locaux, ni à l'église qui montre vite son intérêt pour cette jeune population.

 

La place

En 1932, à la demande des habitants, le nom du Four à Chaux est abandonné lors de la séance du conseil municipal du 20 décembre. Une pétition est adressée afin que soit retirée cette appellation « évocatrice de paysages poussiéreux et peu attirants, préjudiciables au développement de cette partie de la commune ». Le nom de Rocheville, choisi par analogie avec son passé et la nature rustique de son sol rocailleux, le remplace, plus en harmonie avec « l'actuelle coquetterie de ce quartier ».

L'année suivante, le hameau est doté d'une place, réclamée depuis longtemps. Son emplacement est décidé sur un terrain affecté à l'époque à la culture maraîchère, aux fours à chaux et aux carrières. La fontaine, autrefois isolée au croisement de chemins, y est installée. Autour de cette place émergent commerces, marché... Elle accueille aussi chaque année, pour une quinzaine de jours, le chapiteau de la fête de la Saint-Jean, considérée presque comme une fête nationale par les Rochevillois. Le hameau prend alors la figure d'un petit village et devient le lieu où s'exprime la convivialité prégnante si typique de ce quartier. « Quand il y avait encore les cars verts de Taba et qu'on jouait aux boules sur la place, souvent le chauffeur râlait parce qu'il ne pouvait pas passer. On lui disait d'attendre. « Tu n'es pas pressé ! » On l'envoyait boire un coup et puis il revenait (...) », témoigne Jean Léger dans l'ouvrage « Il était une fois Rocheville » qui raconte la vie de ce quartier à la forte personnalité, où les hommes ont davantage marqué l'histoire que la pierre.

Avec la guerre, la vie autour de la place se poursuit mais avec lenteur. Sous elle sont aménagés des abris anti-aériens pour la population. Le four que l'on peut voir aujourd'hui sur la place a pu être sauvé de la démolition de la maison à laquelle il appartenait. Muré avant l'occupation allemande pour qu'il ne puisse servir aux envahisseurs, le four a été restauré et sert aujourd'hui à la cuisson du pain lors de différentes manifestations, notamment Rocheville à la campagne.

En 1960, il fut décidé de supprimer la place pour y construire un grand bâtiment incluant une poste, une mairie annexe et un îlot de police. La fête de la Saint-Jean ne pouvait plus y être organisée. Ce fut pour la population un véritable" tremblement de terre". Il faudra attendra 1995 pour que les Rochevillois retrouvent leur place à la configuration actuelle.